dimanche 24 mars 2019

Lever le pied


Un truc comme lâcher l'affaire...

Lever le pied – ou ne rien faire au Kerala (à part me faire masser).

Et si en fait, j'avais juste envie d'être en vacances ?! Bin oui parce qu'en fait à chaque fois que je me pose et que j'ai du temps pour moi, pour lire et dessiner, je me sens bien ! Est-ce qu'à trop me mettre la pression pour un quelconque « projet », comme si j'avais une échéance (alors que j'ai démissionné et tout quitté pour n'avoir aucune contrainte!), je ne me faisais pas un peu violence et ne faisais du coup que mouliner dans ma propre farine ? Car « le repos est d'or « et je ne suis peut-être tout simplement pas prête à m'investir dans quoi que ce soit  car c'est tout simplement trop tôt psychologiquement? Pourquoi cette course effrenée qui ne me mène nulle part? Et si je devais tout simplement apprendre à lever le pied, accepter que pour s'engager dans un projet, il faut s'être reposé, ressourcé, rassénéré, apaisé ? Et si en fait c'est d'une vraie pause dont j'avais besoin ? Une pause loin des projets, loin de l'avenir, loin de tout sauf de moi et du présent généreux dont je n'arrive à profiter par ambition et exigence? Et si j'avais fait le vide dans la life mais pas dans ma tête ? Et s'il s'agissait dans un premier temps de tout lâcher, vraiment tout lâcher, se faire plaisir et se laisser aller à tout ce qui m'attire, et puis ensuite on verra ? Un treck à pied dans la jungle ou dans la montagne, des grandes balades à cheval ou prendre soin de chevaux dans un ranch, glandouiller dans un paradis terrestre, prendre des cours de chant, dessiner?

Je crois que je commence tout juste à comprendre le sens de l'expression « se laisser vivre »... ! Et c'est ça le plus dur en fait dans ce voyage. Lâcher lâcher lâcher, lâcher ses perceptions, ses acquis, les idées reçues sur soi-même, se recentrer et revenir à sa propre source (comme en broderie, revenir au centre et tout construire de zéro), arrêter de chercher à se définir, car se définir c'est finalement aussi s'enfermer, accepter qu'il n'y a aucune règle, plutôt que de s'accrocher aux règles pour se rassurer en faisant tout entrer dans une case y compris soi-même. Et si la fin des illusions, c'était aussi la fin des choses qu'on croit connaître sur soi, et se laisser la chance de renaître et d'exister autrement ?

Et si se perdre ça faisait partie du chemin pour se trouver ? S'ouvrir, la seule chance d'entrer en contact avec soi, au lieu de se fermer par peur de laisser son « soi » s'envoler, s'échapper ? Tout oublier, jeter ses repères à l'eau, se mettre à nu. Prendre des risques en empruntant des chemins différents, c'est peut-être une manière de se réinventer, par l'expérience, par l'inattendu ? Est-ce que lâcher, perdre, ce n'est pas aussi donner, se donner, recevoir ? Est-ce que c'est comme les vagues, qui dans une valse, un rythme, une dynamique, une dualité, comme deux partenaires de tango, s'écartent du rivage pour revenir en souplesse, plus fortes, charriant, draguant avec les flots des trésors, des réponses, des surprises (et quelques bouteilles plastiques ok) ?

Après tout, c'est dans la détente et non dans la crispation que tout se dénoue, que les questions trouvent des réponses, ou décident de s'en passer, que les solutions émergent d'elles-mêmes, sans qu'on ait besoin de les déterrer avec acharnement, avec une pelle dure qui risque de briser les meilleurs cailloux. Et la détente ne peut venir que de la confiance, la confiance dans la vie, la confiance en soi. Développer la « foi », ce mot qui fait peur mais qui nous rapproche de ce qui nous rend heureux en faisant des rêves une conviction, des peurs une chimère? Se réinventer, loin de la crispation et de la peur. Prendre les peurs par la main et leur murmurer à l'oreille comme à de vielles amies qu'on est pas dupe, que merci, mais que maintenant c'est bon, on peut continuer sans elles.

Et l'abandon ? Est-ce que trouver ce qu'on cherche, ça ne passerait pas par l'abandon ? Est-ce que le risque, le risque de se perdre, le risque de se tromper, le risque de la vie, ce n'est pas ce qui nous permet de nous ouvrir et de nous donner une chance de se découvrir ? Sans le risque, la peur gagne, et stagne, elle ancre l'individu dans un quotidien où il se compromet et dépérit, pour s'éteindre enfin, par peur de périr, justement. Le risque nous bouscule. Maintenant que je me suis jetée à l'eau, il faut apprendre à nager, et ça ne se fait pas sans peur non plus ! Eloge du vide, du risque, et de l'abandon donc, tout un programme !!

Et se juger ? Et si juger, c'était définir ; définir, enfermer ; enfermer, se rassurer, et s'éteindre ? Et si la racine du jugement était la peur ? Celle qui préfère enfermer les autres et soi dans petites cages dont elle peut disposer, des petites cages dont rien ne peut s'échapper, et qui ne risque donc pas de faire du mal ? Et si la surprise était la clef de la découverte et du changement ? Perdre ses certitudes, abolir les limites construites par le mental pour se protéger, ces limites qui ne sont des réalités que parce qu'on les accrédite ?

Bon en fait peut-être que j'intellectualise pour justifier une bonne crise de flegmingite aigue:D !

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