Lever le pied – ou ne
rien faire au Kerala (à part me faire masser).
Et si en fait, j'avais
juste envie d'être en vacances ?! Bin oui parce qu'en fait à
chaque fois que je me pose et que j'ai du temps pour moi, pour lire
et dessiner, je me sens bien ! Est-ce qu'à trop me mettre la
pression pour un quelconque « projet », comme si j'avais
une échéance (alors que j'ai démissionné et tout quitté pour
n'avoir aucune contrainte!), je ne me faisais pas un peu violence et
ne faisais du coup que mouliner dans ma propre farine ? Car « le
repos est d'or « et je ne suis peut-être tout simplement pas
prête à m'investir dans quoi que ce soit car c'est tout
simplement trop tôt psychologiquement? Pourquoi cette course
effrenée qui ne me mène nulle part? Et si je devais tout simplement
apprendre à lever le pied, accepter que pour s'engager dans un
projet, il faut s'être reposé, ressourcé, rassénéré, apaisé ?
Et si en fait c'est d'une vraie pause dont j'avais besoin ? Une
pause loin des projets, loin de l'avenir, loin de tout sauf de moi et
du présent généreux dont je n'arrive à profiter par ambition et
exigence? Et si j'avais fait le vide dans la life mais pas dans ma
tête ? Et s'il s'agissait dans un premier temps de tout
lâcher, vraiment tout lâcher, se faire plaisir et se laisser aller
à tout ce qui m'attire, et puis ensuite on verra ? Un treck à
pied dans la jungle ou dans la montagne, des grandes balades à
cheval ou prendre soin de chevaux dans un ranch, glandouiller dans un
paradis terrestre, prendre des cours de chant, dessiner?
Je crois que je commence
tout juste à comprendre le sens de l'expression « se laisser
vivre »... ! Et c'est ça le plus dur en fait dans ce
voyage. Lâcher lâcher lâcher, lâcher ses perceptions, ses acquis,
les idées reçues sur soi-même, se recentrer et revenir à sa
propre source (comme en broderie, revenir au centre et tout
construire de zéro), arrêter de chercher à se définir, car se
définir c'est finalement aussi s'enfermer, accepter qu'il n'y a
aucune règle, plutôt que de s'accrocher aux règles pour se
rassurer en faisant tout entrer dans une case y compris soi-même. Et
si la fin des illusions, c'était aussi la fin des choses qu'on croit
connaître sur soi, et se laisser la chance de renaître et d'exister
autrement ?
Et si se perdre ça
faisait partie du chemin pour se trouver ? S'ouvrir, la seule
chance d'entrer en contact avec soi, au lieu de se fermer par peur de
laisser son « soi » s'envoler, s'échapper ? Tout
oublier, jeter ses repères à l'eau, se mettre à nu. Prendre des
risques en empruntant des chemins différents, c'est peut-être une
manière de se réinventer, par l'expérience, par l'inattendu ?
Est-ce que lâcher, perdre, ce n'est pas aussi donner, se donner,
recevoir ? Est-ce que c'est comme les vagues, qui dans une
valse, un rythme, une dynamique, une dualité, comme deux partenaires
de tango, s'écartent du rivage pour revenir en souplesse, plus
fortes, charriant, draguant avec les flots des trésors, des
réponses, des surprises (et quelques bouteilles plastiques
ok) ?
Après tout, c'est dans
la détente et non dans la crispation que tout se dénoue, que les
questions trouvent des réponses, ou décident de s'en passer, que
les solutions émergent d'elles-mêmes, sans qu'on ait besoin de les
déterrer avec acharnement, avec une pelle dure qui risque de briser
les meilleurs cailloux. Et la détente ne peut venir que de la
confiance, la confiance dans la vie, la confiance en soi. Développer
la « foi », ce mot qui fait peur mais qui nous rapproche
de ce qui nous rend heureux en faisant des rêves une conviction, des
peurs une chimère? Se réinventer, loin de la crispation et de la
peur. Prendre les peurs par la main et leur murmurer à l'oreille
comme à de vielles amies qu'on est pas dupe, que merci, mais que
maintenant c'est bon, on peut continuer sans elles.
Et l'abandon ?
Est-ce que trouver ce qu'on cherche, ça ne passerait pas par
l'abandon ? Est-ce que le risque, le risque de se perdre, le
risque de se tromper, le risque de la vie, ce n'est pas ce qui nous
permet de nous ouvrir et de nous donner une chance de se découvrir ?
Sans le risque, la peur gagne, et stagne, elle ancre l'individu dans
un quotidien où il se compromet et dépérit, pour s'éteindre
enfin, par peur de périr, justement. Le risque nous bouscule.
Maintenant que je me suis jetée à l'eau, il faut apprendre à
nager, et ça ne se fait pas sans peur non plus ! Eloge du vide,
du risque, et de l'abandon donc, tout un programme !!
Et se juger ? Et si
juger, c'était définir ; définir, enfermer ; enfermer,
se rassurer, et s'éteindre ? Et si la racine du jugement était
la peur ? Celle qui préfère enfermer les autres et soi dans
petites cages dont elle peut disposer, des petites cages dont rien ne
peut s'échapper, et qui ne risque donc pas de faire du mal ? Et
si la surprise était la clef de la découverte et du changement ?
Perdre ses certitudes, abolir les limites construites par le mental
pour se protéger, ces limites qui ne sont des réalités que parce
qu'on les accrédite ?
Bon en fait peut-être
que j'intellectualise pour justifier une bonne crise de flegmingite
aigue:D !

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