mardi 9 avril 2019

Drôle de pays







Alors après 3 semaines au Japon, well, que dire? On peut certainement dire les Japonnais sont adorables et qu'ils ne vous laissent jamais tomber. Véridique, un couple à qui je demandais mon chemin, de nuit, car mon gps était complètement paumé, m'a hélé un taxi, à expliqué au chauffeur où j'allais et a même payé pour moi! En effet, j'avais eu le bon goût de réserver last minute une auberge complètement perdue dans la campagne, et de nuit évidemment, 15 minutes de marche depuis l'arrêt de bus à travers les forêts de bambou et les champs, y'avait de grandes chances pour que je n'arrive pas à destination. Cette mésaventure a eu raison de mon séjour dans cet horrible endroit plein de mamies japonaises en groupes, qui ronflaient la nuit et hurlaient entre elles de bon matin en défaisant, faisant leurs bagages à coups de zips bruyants et sacs plastiques froissés (voire déchiquetés, ça faisait un bruit! => encore un argument en faveur de l'environnement et du retour du sac en tissu), dans un patois odieux et assourdissant, pour entendre dès 9h30 un appel au micro à fiche le camp de nos chambres avant que le personnel ne passe "entre 10h et 15h" pour le grand nettoyage, horaire pendant lequel tout l'accès aux chambres, aux slb et à la cuisine était bloqué!!! Mais nous avions droit (grand Prince) à occuper le "lobby", cet horrible espace entre l'accueil et l'accueil. Tout ceci, malgré les bains publics, auxquels je m'étais habituée et finalement avais pris goût car un ptit bain bien brûlant le soir pour se détendre avant de rejoindre mon horrrrrriiiible dortoir, ça ne fait pas de mal, a eu raison des meilleurs sentiments dont je m'étais jusque-là montrée capable. 

Le lendemain, je prends donc mes jambes à mon coup et cours me réfugier dans un hôtel du centre ville, dont une Israelienne en kimono en soie rose fluo et aux cheveux bonds décolorés façon Shakira m'avait vanté les vertus, ce qui ne m'avait pas particulièrement mise en confiance je l'avoue, mais qui, il n'est jamais trop tard pour se départir de ses préjugés, s'avère être un truc plutôt correct (même si sans fenêtres, mais bon on est au Japon), et surtout, la moyenne d'âge gravite autour du mien, ce qui est un avantage indéniable quand on voyage solo et qu'on se sent souvent à côté de la plaque (d'où le malaise particulier quand on se retrouve avec des voisines de chambre avoisinant la quatre vingtaine)!


Le lendemain, bon an mal an, je décide pour la première fois depuis que je suis à Kyoto de me la couler douce. Direction un salon de thé qu'on m'a recommandé. On m'installe au comptoir, on me sert une tasse avec des manières pas possibles, tout est charmant et je me dis que c'est l'endroit idéal pour me poser un peu et mettre en couleur le dessin que je viens de croquer du joli nécessaire à thé que j'aperçois devant moi. Constatant que j'ai perdu mon petit récipient en plastique pour l'eau, je montre ma peinture à la serveuse pour demander un bol ou autre, mais je n'ai même pas commencé ma phrase qu'elle grimace et va en référer à mère supérieure, qui m'explique que ça ne va pas être possible, car l'odeur de la peinture pourrait altérer les effluves du thé. Interloquée, je finis pas comprendre et je lui dis qu'il s'agit d'acquarelle, "watercolor", le mot en lui-même est évocateur, et non de peinture à huile (assez odorante pour le coup), je l'invite même à sentir (qu'est-ce qui m'a pris?), car de l'eau c'est de l'eau, ce ne sont pas les quelques pigments qui m'inquiètent. Sûre de mon coup, je lui tends la palette, mais apparemment on ne doit pas avoir le même odorat, car pour elle ça sent toujours trop fort (à sa place, je m'inquièterais plus au sujet de mon t-shirt, que j'ai sur le dos depuis 3 jours, eh oui voyage voyage), "I hope you will not use it" sont ses mots... Tout à coup, le salon perd son charme, je ne suis plus dans l'antre du raffinement, mais dans l'appartement poussiéreux trop étroit et étouffant d'une bande de vieilles filles rigides et psychopathes un peu trop sûres d'elles, voire un peu xénophobes? Je comprends soudain que mes manières sont bieeen en-dessous des leurs, et que je peux probablement aller me rhabiller avec mes pieds trop grands et mes baskets, ma franchise et, c'est certain, mon manque de délicatesse. Et là je me dis que je suis dans un pays de chtarbs (je sais, j'ai fait un énorme raccourci, vous m'excuserez)!! Quand le raffinement tourne à l'obsession, et confine à la stupidité... Du coup, je prends mes cliques et mes claques (décidément), et c'est sans trop de remord que je demande si elles ont une poubelle où je peux laisser mon sac Starbuck du matin (oui parce qu'au Japon, il n'y a jamais aucune poubelle dans la rue donc je demande toujours gentiment quand je suis au resto ect). J'aime bien jouer le rôle de l'étrangère un peu brute jusqu'au bout, c'est sans doute mon petit côté beauf qui remonte mais là je sais pas mais ça fait du bien, un petit coup de pied (voire un ptit "fuck") dans la fourmilière du bon goût. Ce bon vieux Starbuck (que j'honnis en France mais que j'apprécie ici car c'est le seul endroit où  on trouve des gâââteauuuuux pas japonais (et donc, bons, oui je sais, tout est affaire de goût et peut-être que des gens très bien et très comme il faut apprécient les "gâteaux" japonais)), ce bon vieux Starbuck donc, disais-je, me rappelle ces groupes d'Américains qu'on croise souvent aux Japon, souvent des Californiens, toujours super à l'aise et hyper décomplexés, parlant fort et sans avoir l'air de comprendre à quel point ils sont parfois décalés  dans cet univers extrêmement codifié, très policé et emprunt de mille et une manières, et en fait je comprends pourquoi je les trouve toujours assez sympathiques: ils apportent un petit coup de vent frais (ou un vrai courant d'air) dans ce pays où tout semble codifié et sous contrôle.

En résumé, le Japon, c'est magnifique, les gens sont adorables et consciencieux, tout est parfaitement harmonieux et bien pensé, et j'apprécie énormément à titre personnel les notions d'élégance, d'harmonie, de zen et de calme qui imprègnent toute la culture, et sans doute mille autres choses qui m'échappent même si je les ressens et qui participent à mon émerveillement. Mais, de mon point de vue, ça manque d'un brin de folie (et je ne parle pas des trucs tordus dont certains Japonais, étouffant sans doute, sont adeptes), juste un truc un peu déjanté (déjà, est-ce que ce mot existe en Japonais?!) voire d'un truc bien crado, juste un truc pas "kawaii" (qui veut dire mignon, on comprend pourquoi ce terme est si important ici), je sais pas moi, un truc bien moche dans une maison, une pile d'ordures au milieu de la rue, un chien un peu fou qui vous aboie dessus, un truc qui déraille quoi meeeerde!!! Bon je crois que l'Inde me manque, ou alors que le changement était trop radical! On va voir le Vietnam (et là je suis sûre que le Japon va trooop me manquer une fois dans le bordel sans nom de Hanoi haha)!!!

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