mardi 23 avril 2019

Ma p'tite vie à Hanoi


Alors, à Hanoi, la vie s'écoule ma foi très lentement, et très vite à la fois! J'ai peine à croire que je suis arrivée voici 11 jours. J'ai l'impression que c'était pratiquement hier, que je pétais une bonne crise de nerf au bord du lac du vieux quartier, me mouchant dans ce qui me restait de serviettes pour bébés car à court de mouchoirs, après être arrivée dans une énième auberge... de merde! La palme donc, car je pense qu'au cours de ce voyage j'ai pas mal cumulé! En même, temps, ça m'apprendra à suivre aveuglément les recommandations d'un routard barbu de 23 ans croisé à Rishikesh en Inde, la ville des babos venus des 4 coins du monde pour faire du yoga et de la méditation. Note pour la prochaine, mieux vaut privilégier les sources sûres, c'est-à-dire, d'une, se référer à une fiiiille, de préférence d'environ mon âge, de deux, à quelqu'un qui a l'air un  brin chochotte et un poil snob (une fille un peu dans mon genre quoi). Ceci dit, pour la défense de mon petit Espagnol (oui parce qu'il était Espagnol, si ça peut changer quelque chose), le petit déjeuner sur le roof top était vraiment dingue, et c'est d'ailleurs en découvrant le buffet que j'ai compris ce qui avait séduit le p'tit bonhomme (oui il n'était pas très grand), qui, comme je l'avais vite compris, était un fin gourmet, voire un gros gourmand. Les salles de bains vétustes (bien qu'entretenues, dans la mesure du possible) ne devaient pas être un critère pour lui, ni les matelas dans des coins obscurs de chambres à peine éclairées par la lueur d'une pauvre petite fenêtre au bord de la famine, ni les gros routards allemands tatoués et bodybuildés un tantinet trop blonds (je suis mauvaiiiiise!!).

Le lac du vieux quartier,  un endroit magique et apaisant, qui, comme par un charme, isole les tympans de la cacophonie des moteurs circulant tout autour. 

Bref, après une bonne crise de larmes, je décide que pas grave, j'y passerai le temps qu'il faudra, mais demain, je bouuuuge!! Et tant qu'à faire, je compte bien prendre ma chambre car j'ai besoiiiiiiiiiiin d'intimitééééé et de "privacy" après 3 semaines en dortoir au Japon, et le Vietnam est un pays où je peux financièrement me le permettre. Et de plus, puisque je compte y passer une dizaine de jours, j'ai bien envie de me poser, laisser traîner mes affaires partout, ne pas ranger ma brosse à dents à chaaaaque fois que je l'ai utilisée (non pas que je fasse du zèle, s'entend bien, mais la ranger 2 fois par jour ça devient vite épuisant), et ce n'est pas le moindre de mes soucis, car en effet, je ne vous parle même pas de ma crème de jour, de mon shampoing, que j'oublie syyyyyystématiquement dans mon sac à chaque fois que je décide de me mouiller les cheveux, ce qui n'arrive pas tous les 4 matins (enfin si d'ailleurs, si je fais le compte exact), et je vous passe les démêlants, crème solaire, démaquillant ect. Ah oui j'oubliais, la serviette de bain (je vous laisse vous figurer la problématique).

Cette photo, arrachée en toute discrétion à son auteure par un paparazzi anonyme, devrait être classée secret-défense, mais bon je ne résiste à partager l'irrépressible ascension de mes bouclettes du fait de l'humidité de la ville.

Bref, le lendemain, je reconquiers mon intégrité à grands coups de pages webs et d'annonces pour des chambres chez l'habitant, et j'opte pour une giga chambre trop belle!! Et là, c'est la résurrection (je suis sûre que le Christ est passé par là lui aussi #blasphème).


Depuis, c'est la débandade de l'inaction. Enfin je me sens hyper busy, et je vous jure que je fais au moins un truc par jour à l'extérieur, mais la chaleur aidant, on est vite inefficace et complètement hors jeu. Ma journée commence donc ainsi: après un réveil aux aurores (car un charmant piaf criard m'éveille en "douceur" tous les matins), ou bien m'arrache à quelque lourd sommeil quand j'ai pensé à mettre mes boules quies, je m'étire un peu dans une tentative non dénuée de succès de pratiquer le yoga, puis un certain nombre de respirations Pranayama (recommandées par le médecin lors de la cure ayurvédique en Inde, qui s'inquiétait, non sans raison sans doute, de mon état psychique, et m'a vivement conseillé, et même prescrit, cette pratique censée me faire "lâcher prise"). Ensuite, une petite douche, et me voici sur le roof top, me délectant d'un somptueux petit déjeuner vietnamien, avant de redescendre dans ma chambre dont j'ai peine à m'extraire, pour accomplir les "missions" de la journée, qui vont de: aller au marché à tissus pour acheter de la doublure ton sur ton avec le tissu acheté en Inde (une belle galère), trouver des jolis galons pour border les échantillons de tissus que j'ai teints au Japon selon la technique du Shibori, puis trouver une couturière pour le faire; trouver un tailleur qui comprenne ce que j'attends pour transformer les Obi rapportés du Japon en jolies pochettes, par ailleurs trouver les zips adéquats et les faire couper et régler à la bonne mesure, le tout dans le langage des signes... car évidemment, personne ne parle Anglais, et je ne connais pas un mot de Vietnamien! C'est donc avec soulagement mais appréhension que je laisse mes tissus entre les mains d'étrangers dont il m'est impossible de savoir s'ils m'ont vraiment comprise! 

Mais, je dois bien le dire, les Vietnamiens, et surtout les Vietnamiennes d'ailleurs (oui parce que ce sont elles qui tiennent tous les business et bossent comme des folles, tandis que ces messieurs boivent des bières tranquillement), sont de redoutables travailleurs et ils ne perdent pas une seconde, ce qui les rend très efficaces et réactifs. En tous cas je n'ai eu affaire qu'à des nanas hyper intelligentes et débrouillardes qui comprenaient tout malgré mes balbutiements pathétiques. Par contre j'ai eu aussi quelques expériences où j'ai bien senti que personne n'avait de temps à perdre avec une emmerdeuse, que je suppute être, sûrement à juste titre de leur point de vue biensûr :p!




Parfois, je me targue d'un musée, c'est ainsi que j'ai découvert la galerie magique d'un vieil Américain à l'accent New Yorkais à couper au couteau, qui m'explique en s'épongeant le front qu'il collectionne ces pièces incroyables dénichées dans tout le Vietnam depuis plus de vingt ans. Il me donne des infos sur leur origine, me tendant de temps à autre sa tasse de café, pour tirer de sous une pile poussiéreuse des trésors oubliés. Des prix écrits au feutre sur des bouts de papier jaunis, des merveilles qui n'ont pas été époussetées depuis des lustres, le tout accumulé sur trois niveaux dans un local insalubre où quelques ventilos rouillés rendent l'air à peine respirable, une vraie caverne d'un Ali Baba un peu dégarni qui ne manque pas d'humour et d'auto-dérision, ni d'empathie quand il me lance pour finir un "Sorry about the Cathedral".



Je rencontre également Ly, une journaliste/styliste/market manager success woman de mon âge hyper dynamique qui me donne plein de conseils, déborde d'énergie, d'idées et d'enthousiasme. Le genre à me filer des complexes, avant qu'elle me confie être aussi passée par des périodes difficiles qu'elle appelle des "transformations", et que comme le Phoenix, il faut apprendre à renaître de ses cendres... à mediter!

Je viens de découvrir qu'à chaque page de début de mois de l'agenda 2015 donné par le tailleur de l'asso Kala Rasksha en Inde, figure une phrase non dénuée de sagesse, et celle ci me semble tout à propos dans mon cas comme dans le votre - si je puis me permettre -!
Des semaines que je tiens mon journal de bord dans ce carnet et je n'avais même pas remarqué ! Comme quoi,  on n'est pas toujours prêt à entendre ou voir ce que d'autres ont à nous dire ou à nous montrer...

Puis je rentre dans le brouhaha incessant de scooters, dans la chaleur et la pollution, zigzagant sur les trottoirs et sur la route entre les scooters et les gens installés partout sur les trottoirs pour manger, fumer, travailler, accroupis ou assis sur des mini chaises en plastiques, en famille ou tout seuls, pour une pause ou juste le temps d'avaler un bol de "pho bo", la fameuse soupe de nouilles au boeuf, quand ce n'est pas un pied de porc qui frémit dans la marmite, exhalant des odeurs indescriptibles mêlées à celle des pots d'échappements... Parfois, je m'assieds aussi et demande un bol de soupe, ou une noix de coco avec une paille ou un bon jus de fruit pressés!




Je dois dire que depuis que j'ai découvert "Grab", une appli qui permet de commander un taxi moto qui arrive en une minute là  où vous êtes pour vous emmener un peu plus loin pour 1 ou 2 euros, je revis en quelque sorte. Dans une ville de scooters, on est bien mieux... en scooter!

Et le soir, je lis Marcel Proust sur mon petit balcon, parcque c'est magnifique, parceque c'est en Français, parce que ça me fait du bien :).

Voilà pour Hanoi, si j'ai quelque chose à ajouter, je n'hésiterai pas :p!

PS: Une dernière chose: de nombreux enfants m'abordent pour pratiquer leur Anglais avec moi. Parfois leurs parents les accompagnent, ce qui de temps à autre vous octroie le privilège d'une glace gratuite au thé matcha en remerciement pour le temps passé, et parfois vous avez droit à des questions surprenantes dans la bouche d'un enfant, car des fois en manque d'inspiration, leur papa leur souffle des questions en Vietnamien à l'oreille, ce qui fait que vous vous retrouvez à devoir expliquer pourquoi vous êtes là "à rêver, seule, assise au bord de l'eau" haha, de vrais poètes ces enfants vietnamiens!

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