vendredi 28 février 2020

Quitter le Mexique...

Je quitte enfin le Mexique... Après avoir repoussé un départ pendant des semaines je ne sais pourquoi... Sans doute je ne connaissais pas encore la suite. Il fallait qu'elle se dessine peu à peu, et que je sois en phase avec son esquisse. Des hésitations à n'en plus finir, des comptes à rebours, des décisions sans cesse reportées au lendemain, un état étrange de stand bye qui m'inquiétait autant qu'il me laissait dans un état de léthargie décisionnelle. Peut-être qu'il fallait juste attendre d'être sûre...

Après 4 semaines un peu éprouvantes à San Cristobal donc, à me demander whats next sans pouvoir bouger d'un poil comme si j'allais passer à côté de quelque chose mais en me sentant mal à l'aise, après le tourbillon qui m'a emmenée des Zapatistes aux plages dorées du Pacifique et jusqu'à la ville merveilleuse de Oaxaca, où je suis retombée en état de léthargie avant de décider de retourner passer une semaine à San Cristobal avant de repartir pour le Guatemala et puis enfin le Brésil, bref, après tout ça, après cette petite semaine à San Cris qui s'est transformée en 10 jours complètement improductifs pourtant éreintant passés en entier à échiner toutes les boutiques de seconde main en quête de bonnes affaires pour mon projet broderie, ainsi qu'au passage un relooking personnel complet (un an que je traîne les mêmes nippes, je pouvais bien m'accorder cela!), et à faire diverses emplettes qui me font parcourir la ville de long en large et m'épuisent...

Tiens, une marinère! On ne se refait pas... Petit pull rouge trop chou (oui j'e me suis résolue à balancer mon autre pull plein de trous... Jean style années 50 dans le genre Lili Aggie... Ou Marylin Monroe dans Rivière sans Retour...


Après des jolies rencontres dans mon auberge de jeunesse: Karina, une écrivaine féministe archi intelligente qui vit de volontariat en auberge de jeunesse pour pouvoir écrire son livre sur le maïs en Amérique et son implication économique, politique et sociale (vaste projet), et qui m'invite à un atelier d'écriture, Cindy, une styliste très douce passionnée des années 80, Cécile, une Française qui voyage car elle en avait marre de son boulot et ne sait pas quoi faire, n'a pas du tout l'air de se prendre la tête, et je me dis que ça doit être cool d'être comme ça (pfiouuu, les vacances quoi!), Juan, un Argentin barbu intéressant et cultivé, complètement perdu depuis sa rupture amoureuse qui le laisse perclu de noeuds au ventre et dans détresse morale qui fait mal au coeur, qui me prépare un petit thé le jour de mon départ aux aurores, attention touchante qui me réconforte, car ça fait trop bizarre de quitter un pays après deux mois sans personne à qui dire au-revoir; Facu, à qui je confie que m'étant mise en tête à un moment de créer une super marque et que j'en suis teeeeeeeeeeeellement loin, et qui me dit avec une gentillesse et une simplicité qui me réconfortent "Estas en camino Gabi", "Tu es en chemin Gabi".

Bref, des gens attentionnés qui me demandent comment je vais le matin et le soir, et je comprends à quel point c'était dur d'arriver ici solo dans un endroit où il n'y avait personne à qui parler, je comprends un peu plus mon désarroi d'alors et je m'en veux un peu moins d'avoir complètement paniqué, nan mais c'est normal en fait quoi! Pourquoi je prends personnellement tout ce qui est franchement souvent lié aux circonstances? Bon, ça, c'est une autre histoire...

Un ami m'offre en au-revoir un bracelet d'ambre pour me protéger des mauvaises énergies, touchant et je me sens beaucoup plus forte du coup! 



Malgré les 10 jours de "préparation" au départ, ça arrive avec une brutalité qui me coupe le souffle (littéralement, j'ai du mal à respirer). Je m'arme de tout mon courage et essaie de dédramatiser, dans le shuttle je suis les conseils d'une amie, j'accepte "mes doutes" car ils font partie de moi, c'est peut-être juste un mécanisme qui me fait sans cesse regarder en arrière ou à côté au lieu de droit devant, ça m'aide à prendre mes distances avec ces questionnements sans fin qui me font tout voir en pourpre, et j'accepte que peut-être simplement, je suis fatiguée, émue et destabilisée, et ça veut pas forcément dire que j'ai fait le mauvais choix (l'autre choix étant de rester une dizaine de jours de plus - mais ça faisait déjà deux mois que je me disais "il faut que je paaarte" bonsang- à visiter la jungle lacandonienne, un truc qui me faisait bien envie mais avec qui?, et au dernier moment j'apprends que mon amie Flora, rencontrée à l'Encuentro, y va, en attendant qu'on soit le 10 février, moment où j'aurais pu rejoindre comme bénévole un ranch à une heure de là, opportunité ayant inopinément surgit d'elle-même, grâce à une dame française rencontrée à mon cours de broderie, dont la fille est la propriétaire avec son mari Américain, du dit ranch, cela impliquant que je décale le Brésil et loupe le Carnaval de Rio)=> cette parenthèse est diablement longue. Bref (je sais, c'est au moins le cinquième, ne vous inquiétez pas, celui-ci est un vrai de vrai), j'arrive au Guatemala, je me rue chez Mr Mullet, l'auberge de jeunesse que je connais déjà, une bonne douche, au lit, et le matin des pancakes, une vue sur le lac, je prends le bateau pour Santiago, j'arrive chez Elisabeth, je suis zen.

Au dîner dans la petite cuisine où crépite le maïs en décoction sur la cuisinière au feu de bois, on me sert du café, je leur demande si ça ne les empêche pas de dormir, ils me regardent l'air très étonné, non, ils boivent du café toute la journée, c'est leur boisson, j'explique qu'en Europe, on évite parce que ça énerve, qu'après on est agité, ils sont de plus en plus perplexes et le frère aîné me dit en riant "Aqui es otro mundo", "Ici, c'est un autre monde"...

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