Today, on accompagne le responsable de l'atelier. Direction un village Rabari, où on doit voir
des brodeuses. Bon en fait en arrivant, elles ne sont nulle part,
apparemment il y a un mariage et elles y ont toutes. Mais je fais la
rencontre des interlocuteurs locaux de l'asso, un couple dans la
force de l'âge d'une prestance remarquable:
Raja bhai porte bien son
nom : assis sur un fauteuil en plastique qui lui fait un
trône cocasse, il nous domine tous de son aura extraordinaire, sa voix
rauque est d'une autorité écrasante... Tout à coup il se lève et
sort son canif pour effrayer un attroupement de petits écoliers
curieux de notre visite. Puis il se rassoit avec majesté, bidi
au bec. On dirait un parrain mafieux craint et respecté. Un vrai
homme d'affaires qui compte et note tout sur des petits papiers roses
ridicules dans ses mains énormes, tirant sur sa bibi entre deux
négo.
Sa femme, Lachhu, est d'une grande beauté, ses
traits dessinés très fins sous les rides lui donnent l'air d'une
reine, ainsi que les bijoux, les tatouages et les broderies délicates
qui ornent son habit.
A côté de ces visages burrinés usés par la vie
et le soleil, je me sens toute petite, et un peu bête avec mes
petits dessins...
Puis nous rencontrons Sanga bhai, un géant très doux à la voix posée. A notre arrivée, il est en « bras de chemise », en marcel blanc dans son pantalon drapé. Ni une ni deux, il s'éclipse et réapparaît après quelques instants vêtu de sa veste traditionnelle à plis et de son turban, en plus d'un tissu rugueux jeté sur l'épaule comme une étole de grand prix. Il est fascinant à voir, d'une douceur surprenante pour une stature aussi imposante.
Puis nous rencontrons Sanga bhai, un géant très doux à la voix posée. A notre arrivée, il est en « bras de chemise », en marcel blanc dans son pantalon drapé. Ni une ni deux, il s'éclipse et réapparaît après quelques instants vêtu de sa veste traditionnelle à plis et de son turban, en plus d'un tissu rugueux jeté sur l'épaule comme une étole de grand prix. Il est fascinant à voir, d'une douceur surprenante pour une stature aussi imposante.
On va ensuite chez le marchand de tissu à Bhuj, un
bouiboui au patron comme dans les films, avec une pure tête de
négociateur pas commode ; et enfin direction Ajrakpur, village
où on teint et on imprime au block de manière totalement naturelle
et ancestrale. Les tissus sont imprimés des 2 côtés, chaque dessin
impeccablement calé sur l'endroit et l'envers du tissu,
hallucinant... Ismail bhai, avec son imposante barbe blanc et son
ventre proéminent, nous explique que ça vient du temps où on se
levait tôt et que, sans électricité pour y voir, on était sûr de
ne pas draper son habit du mauvais côté du tissu !
![]() |
| ça négocie sec! |
Dans cette caverne d'Ali Baba, j'ai un coup de cœur
pour deux tissus avec une fine bordure en or, l'un rose cerise et
l'autre vert émeraude, tous deux en coton soie, mon tissu préféré :
un léger côté rustique et authentique donné par le tissage espacé
ainsi que par la rugosité du coton, mais précieux et noble de par
sa fragilité et sa transparence, et grâce aux fils de soie, qui lui
donnent noblesse et délicatesse, sans pour autant briller avec
ostentation (oui un vrai tissu de bobo aux goûts de luxe)...
Il ne m'en fallait pas plus pour me guérir, en tous
cas momentanément, des questionnements qui me travaillent
régulièrement depuis que je suis arrivée en Inde... Dès que je
suis au contact du tissu et de la beauté des couleurs, des fibres et
des ornements, je me souviens pourquoi je suis venue et ça me
reconnecte à mon fil rouge, qui, fragile, se perd souvent dans les
méandres de mes doutes et de mes inquiétudes, troublant mon esprit
et me bousculant dans mes intuitions...











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