Cette semaine, j'ai dessiné des robes pour
l'association, et je propose au chef d'atelier qu'on se rende
ensemble au musée de l'asso pour lui montrer les broderies que j'ai
repérées pour les agrémenter. Quand je les lui montre, notamment
celles qui ornent les vêtements d'hommes qui sont extrèmement
fines, il va m'en chercher des « équivalentes » au
magasin, mais ces dernières sont beaucoup moins raffinées. Je
demande si on peut avoir exactement celles du vêtement ancien mais
il semble que ce ne soit pas vraiment possible...
Plus tard dans le musée avec ma roommate indienne,
elle aussi s'extasie sur la finesse des broderies et m'explique que
les broderies d'antan étaient bien plus fines car les femmes les
exécutaient pour elles-mêmes ou pour leur famille. Elles
rivalisaient donc de virtuosité parce que c'était leur fierté et
leur unique richesse, également parce que les broderies avaient
valeur spirituelle et protectrice, notamment pour les enfants.
C'était presque comme des talismans. Elles signifiaient aussi
l'appartenance à un clan, à une communauté. Alors que de nos
jours, même si le travail est toujours d'une incroyable qualité et
d'une grande beauté, il n'a plus le même sens. Il est fait pour
être vendu, et donc déconnecté de leurs auteures et de leurs
intentions profondes. De plus, les femmes ne peuvent plus y passer
autant de temps qu'avant car il y a des commandes et des délais à
respecter. On ne peut plus attendre aujourd'hui comme on attendait
autrefois, par exemple, qu'une jeune fille eût terminé de broder
son trousseau pour l'autoriser à rejoindre la maison de son mari.
(Petite parenthèse "marxiste": Je pense aussi (pour ce
que ça vaut), qu'on ne travaille jamais aussi bien que pour
soi-même, et que, soi dit en passant, tout salarié, en renonçant au sens même de son
labeur, se décharge de l'écrasante responsabilité de
l'entreprenariat. Le salariat doit dès lors se concevoir comme un
marché entre deux partis instaurant une sorte d'équité, et non
pas, comme les entreprises aiment souvent à nous le laisser croire,
une chance unique qu'on laisse à l'individu d'oeuvrer en leur sein.
Bim, ça, c'est dit :p, fin de la parenthèse !)
Définir ces savoirs, c'est, en même temps que les
sauver de l'oubli, leur refuser cette dimension immense et infinie à
laquelle ils prétendent... Ca me fait penser aux dear licornes
laissées sur le rivage, oubliées de l'arche par un Noé dépassé
par l'ampleur de la tâche dont il doit s'acquitter...
PS : je sais que c'est carrément redondant
avec mon premier post sur le textile (si vous l'avez lu!), mais ça me parle quoi :p !



coucou Gab, je lis tous tes posts, c'est génial
RépondreSupprimertu me fais voyager
bisou, ta couz
Coucou Gab, tes posts sont top!! Non seulement te font voyager mais te font aussi réfléchir sur les aberrations de la société moderne de consommation...toujours poussée au surplus et à la denaturalusation des individus...je salue ton courage et ta force dans ce beau voyage!! En l' attente de te relire pour d' autres nouvelles aventures! un bisous! Gio
RépondreSupprimerCoucou Gigi, je suis trop contente de t'avoir pour lectrice avertie :)!! Merci de prendre le temps de partager mon aventure!!
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