Le temps est un sacré filou qui nous file entre les doigts. Trois semaines que je suis rentrée en "escale" à Paris, escale qui se rallonge au rythme des jours qui passent avec une lenteur et une rapidité surprenantes. Tous les soirs en me couchant, je me dis "déjà", j'ai la sensation que j'en sors à peine de ce plumard et que je le retrouve de nouveau! Je ne sais pas si c'est l'inaction ou la détente qui me donne cette étrange sensation!
Mon voyage de 4 mois me semble comme en rêve un lointain souvenir complètement irréel... Tout m'apparaît comme un condensé explosif d'une intensité ravageuse, je ne comprends même pas comment j'ai pu faire autant de choses en si peu de temps. Et en même temps, de longs interludes de contemplation et de rêverie, seule ou dans la foule.
On me demande si ça ne me fait pas bizarre d'être rentrée, mais en fait c'est plutôt d'être partie que j'ai peine à croire. J'ai l'impression de commencer une nouvelle vie à zéro à partir de
maintenant seulement, comme si ce voyage tampon avait mis entre moi et
mon "ancienne vie", la vie à la mer, la vie pépère, une distance.
On me demande ce que je fais de mes journées, mais j'ai envie de répondre: "en fait je suis assez occupée", assez occupée à vivre. Et vivre ça prend un temps fou! Quand on prend son temps, quand on ne se presse pas, tout s'étire et s'étend comme un vieux chewing gum qu'on affectionne et qu'on ne finit jamais de machouiller. Je me souviens avoir entendu un homme dire que, quand on lui demande ce qu'il "fait", drôle de mot qui se réfère uniquement au travail et qui pourtant nous définit socialement complètement, il répond juste qu'il "vit", qu'il respire, qu'il mange... Je me rends compte que pour certaines personnes, mon "temps" n'a aucune "valeur", justement parce qu'il ne me rapporte rien, money wise.
On me demande ce que je fais de mes journées, mais j'ai envie de répondre: "en fait je suis assez occupée", assez occupée à vivre. Et vivre ça prend un temps fou! Quand on prend son temps, quand on ne se presse pas, tout s'étire et s'étend comme un vieux chewing gum qu'on affectionne et qu'on ne finit jamais de machouiller. Je me souviens avoir entendu un homme dire que, quand on lui demande ce qu'il "fait", drôle de mot qui se réfère uniquement au travail et qui pourtant nous définit socialement complètement, il répond juste qu'il "vit", qu'il respire, qu'il mange... Je me rends compte que pour certaines personnes, mon "temps" n'a aucune "valeur", justement parce qu'il ne me rapporte rien, money wise.
Ci-dessous un merveilleux extrait d'une nouvelle de Stevenson:
"Les temps sont changés, cela est vrai, lorsque nous devons rester toute la nuit, au coin du feu, les mains jointes; et un monde changé pour la plupart d'entre nous, quand nous découvrons que nous pouvons passer des heures sans ennui et être heureux à penser. Nous sommes dans une telle hâte de faire les choses, d'écrire, d'amasser de l'argent, de faire entendre un instant notre voix dans le dérisoire silence de l'éternité, que nous oublions une seule chose, dont ces choses ne sont que des parties, vivre. Nous tombons amoureux, nous buvons sec, nous courons ça et là sur la terre comme des brebis terrifiées.Et à présent vous devez vous demander si, quand tout est fait, vous ne feriez pas mieux de vous assoir chez vous au coin du feu et d'être heureux en pensant. Etre immobile en contemplation - se remérorer le visage des femmes sans éprouver de désir, être satisfait des grandes actions des hommes sans en éprouver d'envie, être en sympathie avec tout et partout et cependant satisfait de rester ce que l'on est, où l'on est - n'est-ce pas cela connaître à la fois la sagesse et la vertu, vivre heureux? Après tout, ce ne sont pas ceux qui portent les bannières, mais ceux qui les regardent passer de leur chambre qui goûtent tout le plaisir de la procession."
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