Retour en France, après une sympathique dengue qui m'a mise ko pendant une semaine, petit passage à l'hôpital de Bangkok en attendant que le taux de plaquettes dans mon sang remonte car risque d'hémorragie. Après une bonne dizaine de prises de sang, on m'annonce que c'est enfin bon, je peux décoller. Bien soulagée, je prépare frénétiquement mon sac, prends enfin une vraie douche car ils me retirent la perf qui me bleuit le poignet depuis 3 jours, et toute contente m'apprête à passer une journée lecture et dodo en attendant l'avion, avant que l'infirmière ne revienne, m'annonçant qu'il y a un résultat bizarre et qu'il faut refaire un prélèvement... Effondrée, je vois déjà mon avion s'envoler sans moi, coincée à Bangkok une fois de plus (après avoir manqué mon premier avion à cause du fameux "not fitted to fly", "inaptitude à voler"), négociant de nouveau avec l'assurance pour un autre billet.... Je passe toute la journée dans l'angoisse d'un résultat inquiétant, j'essaie de ne pas trop y penser et je me connecte à France Culture, j'écoute des interviews sur le festival de Cannes... Finalement le docteur entre et tout est bien, je ne sais pas ce qui s'est passé, je ne demande même pas, tout ce que je sais c'est que je suis libre, je peux partir!!! Après un vol direct (plus jamaiiiiiiiiiiis de correspondaaaaances anymore!!!), j'atterris enfin, heureuse de retrouver un pays et une ville qui, après l'Asie, m'apparaissent comme calmes et propres!
Le lendemain, célébration en grande pompe du mariage de ma cousine, puis, invitations toute la semaine chez la famille pour prolonger la fête. Je constate que tout le monde est bien installé, jeunes couples avec enfants dans de beaux apparts dans Paris, joli parquet, peinture fraîche, déco de bon goût, meubles de qualité.
Le jeudi férié, départ pour la Creuse. Merveilleux environnement, on se croirait dans un rêve, les herbes sont hautes, les genêts en fleur, touches jaunes et roses dans des verts infinis et lumineux. Eau de source fraîche et revigorante, produits du coin à déguster sur une couverture au soleil... La pureté, la beauté, les parfums merveilleux, la nature qui frémit et qui fourmille...
Le soir, le berger nous invite avec d'autres voisins. Mix de gens très comme il faut et quelques types rugueux au teint jauni par l'acool et les clopes, dents dans un triste état, vêtements élimés... Autour du feu, les conversations vont bon train. Une jeune femme russe est là avec sa mère. Apparemment elle projette un voyage au Pérou pour rencontrer un chaman, le berger est prêt à embarquer aussi, on ne sait pas vraiment si c'est le chaman ou la jeune femme qui motive cette envie, si c'est vraiment spirituel ou bien charnel... La maman russe s'assoit à l'écart, elle ne parle pas Français. Mais quand on apprend qu'elle maîtrise l'astrologie et dit l'avenir, tout le monde s'empresse autour elle. Sa fille fait la traduction, il règne une atmosphère surréaliste entre les bribes de Russe qui comme des mots magiques délivrent des prophéties (qui tournent principalement autour de l'argent et du succès financier, peut-être un sujet très cher en son pays natal mais qui laisse un goût de frustration aux convives peut-être un brin plus sentimentaux), les percussions du djembé joué par un Marocain au physique de George Clooney (comme me le fait remarquer une jeune femme), au son duquel une nana un peu roots, gilet sans manches en peau de mouton, pantalon de pluie et chaussures de rando, se met à chanter dans une langue qu'elle invente, se saisissant de maracas pour rythmer sa rengaine. Elle nous confie qu'elle est en fait énergéticienne, même si elle doit, pour élever seule ses deux filles, bosser dans le périscolaire (son ex ne lui verse que 50 euros pas mois malgré un très bon salaire, et la CAF lui a réclamé 3500 euros pour lui avoir versé une aide dont elle estime à posteriori qu'elle devrait se débrouiller pour la réclamer à son ex, alors même que la pension alimentaire a été validée en jugement). La Russe veut mieux se connaître et lui demande une consultation, prestation qui s'opère mains liées et yeux fermés entre les protagonistes, entre le plat et le dessert. Il passe on dirait un courant incroyable, la fille sent des choses pas possibles... je laisse le détail du diagnostic, un poil farfelu, aux convives présents sur place. Ces consultations publiques dévoilent le passé des uns, telle personne a perdu un proche, est-ce que ça va la poursuivre toute sa vie?, mettent en évidence les préoccupations des autres, ai-je fait le bon choix?, finalement tout le monde s'en pose des questions, tout le monde a ses rêves et espère qu'ils se réalisent, le moment présent est biensûr une parenthèse avant que la vie ne prenne ensuite une autre tournure...
Retour en voiture avec Khalid, le percussionniste. Il nous parle de sa vie et nous assomme un peu avec ses principes. On le dirait parfait, il fait ci il fait ça, il donne aux pauvres, il file un coup de main gratos (tout ça en étant en maladie professionnelle depuis 3 ans, car il a mal aux coudes à force de livrer des paquets)... Je commence à me demander quand est-ce que son point faible va faire irruption, même si ce type est charismatique, s'exprime bien et a l'air bien sous tous rapports, je sens quelque chose depuis le début qui ne va pas. Il en dit trop pour être honnête, il y a forcément un truc, un vice caché. Et puis je me rends compte qu'il est négatif comme tout, tout est de la merde, la sécu, l'état, le gouvernement, les gens qui se garent mal, qui mettent pas leur cligno, les nanas hargneuses au volant qui te laissent pas passer (alors que t'as doublé toute la file en te rabattant au dernier moment hum), les enfants qui parlent mal à leurs parents, qui disent des gros mots, et ça y va et ça y va, c'est pratiquement un monologue... Quand on en vient aux compagnies téléphoniques, "moi j'ai pris free", "bouygues c'est nul" ect, jusqu'au "SFR non moi je prends pas, j'ai mes raisons, je vous dis pas pourquoi". Là... je sens qu'on s'en approche, je sens qu'on y arrive. Quand ça commence comme ça, ça finit souvent mal, et je pressens que ça va très prochainement se terminer au proche orient, pour ne pas dire Sarcelles, Saint Mandé ou le Marais, voire en fait, comme je vais le découvrir très bientôt, toute la France. Soudain en effet ça "pop up". Il crève l'abcès, il ne peut pas s'en empêcher, c'est comme une maladie, faut que ca sorte sinon ca vous mange de l'intérieur. En France on est en Israel, y a qu'à voir les manuels scolaires, le temps qu'on passe sur la Shoah, et dans les pharmacies, les génériques qu'on nous donne sont faits à Tel Aviv, et patati et patata, tout y passe, je sens que le bouchon jusqu'à Paris va être bieeeeeen long. D'autant plus quand mon amie acquièsce quant au programme, c'est vrai qu'elle connaît pas mal de gens que ç'a dégoûté du sujet, car on y passe effectivement beaucoup de temps au collège. On en parle toutes les deux à la pause pipi, mais oui les lobbys ça existe biensûr, mais non ce n'est pas de l'antisémistisme, c'est politique, Israel a une conduite très agressive c'est un fait. De retour dans l'habitacle, une seule option: ne plus parler, se taire, que dire anyways? Mais ça grossit dans ma gorge. J'essaie de me détacher (OM SHANTI OM cet homme est plein de haine, c'est son problème, c'est l'effet d'une frustration interne et ça ne doit affecter que lui ect #autocoaching), j'essaie de me focaliser sur ce très chouette voisin Creusois épris de nature et de beauté (je suis sûre que lui n'est pas comme ça, il y a des gens bienveillants et éclairés qui ne sont pas comme ça) pour supporter le temps qu'il nous reste à passer ensemble par 37 degrés dans un espace clôt devenu irrespirable. Finalement il consent à utiliser Ways, cette appli qu'il boycotte aussi car "ça vient de Tsahal l'armée Israelienne", car au final c'est quand même bien pratique LOOOOOL...
Enfin arrivés à Paris, la Creuse, la Nature, l'innocence et la bonhommie semblent déjà bien loin. Un commentaire haineux sur une "grosse feuj" finit par convaincre mon acolyte que ça dépasse en effet le cadre politique. Pour moi ça fait un peu tard.
Enfin arrivés à Paris, la Creuse, la Nature, l'innocence et la bonhommie semblent déjà bien loin. Un commentaire haineux sur une "grosse feuj" finit par convaincre mon acolyte que ça dépasse en effet le cadre politique. Pour moi ça fait un peu tard.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire