Aujourd'hui direction Saint Germain des Près, un repère de papis bon chic bon genre, de touristes fortunés et de vieux Parisiens nostalgiques des années 50-60 (et même sûrement des années 20 pour certains!). Des vieux messieurs en vestes de tweed, des dames à sacs et à chaussures avec boucles en or, gros pendants aux oreilles et jolis brushings soignés.
J'arrive à la fameuse "pharmacie pas chère" du quartier, réputée pour ses prix imbattables. Je m'y risque une ou deux fois par an pour faire le plein de produits de beauté, car les prix sont effectivement très intéressants. D'ailleurs, les clients aussi... la population, dans ce fourbis qui grouille de mamies du 16ème surexcitées, de touristes américaines surliftées affublées de lunettes de soleil Gucci et de foulards Hermès, est autant digne d'attention que les produits bradés, et offre un spectacle fascinant et assez drôle, pour ne pas dire un peu grotesque, quoiqu'attachant car un brin pathétique, nous verrons bientôt pourquoi.
Dans les rayons, c'est la bousculade, les mamies essaient de rester polies, on se pousse gentiment à coup de "Pardon Madame" un poil révérencieux, on est toutes conscientes qu'on doit faire un effort, on est toutes dans la même mouise après tout, faut se serrer les coudes, surtout qu'on n'est, après tout, pas des sauvages (bon et puis c'est pas les soldes chez Agnès b non plus!)! Dans un air de connivence générale donc, je me fraye un chemin tortueux à travers les paniers d'achats rouges et les bras qui se tendent bravement pour attraper de-ci delà les shampoings magiques qui repeuplent les cuirs chevelus dégarnis, les lotions qui lissent la peau, les cures de santé qui préparent la peau au soleil, les huiles essentielles qui "respectent la nature et la biologie de la peau", les élixirs qui rajeunissent, les machins qui réparent, les trucs qui font ci et qui font ça, bienvenue dans le marché de la beauté, la beauté pas chère, mais, attention "très chère", de qualité!
Dans la file pour la caisse, les bourgeoises trépignent d'impatience car le service est trèèèès lent, les pharmaciennes disparaissent des plombes pour aller chercher les produits sur ordonnance, on les voit ressurgir d'entre les étagères chargées d'innombrables boîtes de médicaments après d'interminables minutes. Tout le monde guette leurs fait et gestes, on se demande bien ce qui peut se passer "non mais c'est pas possible, qu'est-ce qui bloque comme ça?!", s'indignent ces dames grandement affairées, un jeudi matin en plein mois de juillet :p. Enfin c'est mon tour, et là je comprends, en entendant ce qui se passe aux caisses à ma gauche et à ma droite: ces dames veulent toutes un conseil personnalisé, quand c'est enfin à elles. Il faut en effet rentabiliser toute cette longue attente. Pour les produits non remboursés, on hésite quand même, on demande bien le prix, pour au final choisir de l'acheter, après quelques secondes de lutte intérieure, puis on ajoute ceci et cela, car sur les conseils de Mère pharmacienne, qui prend bien soin de nous et de notre petite santé, on se dit qu'on a effectivement bien besoin d'un petit remontant pour affronter les fatigues à venir, booster nos anticorps, se revigorer, gagner en tonus, faciliter la digestion, se redonner un p'tit coup de pep's car oui, on se rend compte qu'à ce prix-là, on n'est pas si en forme que ça, mais que bientôt, on aura oublié tous ces petits désagréments, ces mille tracas de la vie!
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