mercredi 4 mars 2020

Un an après...


Étonnant mais on dirait que les chats mayas m'aiment bien... le troisième ce mois-ci à venir se poser sur mes genoux pour un temps indéfini...


Que dire de tout ce voyage? Je ne vais pas vous raconter de cracks (comme dirait mon padre), un an après, ya plein de choses qui n'ont pas changé... Toujours angoissée, indécise, mon noeud au ventre, des questions, je change d'avis toutes les deux minutes sur le prochain train à prendre, sur ma vie, sur la vie... J'ai toujours aucun business plan, je ne sais pas comment je vais vivre quand j'aurai plus un rond, mes cheveux sont toujours aussi secs (malgré les nombreux soins à l'huile d'argan), j'ai toujours peur de l'avenir, des conflits, de mes anxiétés, de mon indécision chronique. Je regarde toujours autant en arrière, j'ai toujours des illusions sur tout...

Mais j'ai franchi des montagnes.

Fait les choses même si elles me terrifiaient. Compris qu'il n'y a aucune limite, qu'elles n'existent qu'en nous parce que nous refusons ce que nous sommes (pourquoi? Ca c'est une autre histoire). J'ai compris le sens de l'expression "se réinventer", compris que quand on ne "fit" nulle part c'est juste que la vie attend autre chose de vous que de rentrer là où il y a encore de la place, que la vie au contraire attend qu'on lui propose un truc qui change, un truc plus drôle et plus fou, un truc particulier, un truc un peu spécial.

J'ai réalisé mon rêve d'aller voir des artisans, de m'initier à des techniques traditionnelles, de bosser dans des ong textiles comme styliste, de créer des vêtements avec des artisans, de dessiner les gens, d'explorer musées et marchés pour voir du tissu, toujours du tissu, c'est comme si à travers lui on lisait l'essence des gens, l'âme d'une culture, l'âme humaine tout simplement, comme si grâce à eux tout était plus réel. L'air de rien, j'ai réalisé quasi une petite collection au Guatemala, je peux dire qu'à travers la peinture ou le textile, j'ai exprimé presque tout ce que m'a inspiré ce merveilleux pays et j'ai crié toutes les couleurs, les sensations. J'ai fait un stage de Shibori au Japon, me suis initiée à l'impression au bloc en bois en Inde, pris des cours de Batik au Vietnam, de broderie et du tissage au Guatemala et au Mexique. Commencé mon "projet" le Studio Belleville, en m'associant à ma cousine boost et talentueuse, créé ma garde robe de rêve avec des tissus anciens et grâce à des petits couturiers à l'ancienne comme dans les vieux films, créé des pochettes coupées dans des anciens obi japonais, sorti et brodé les chevaux qui galopaient dans ma tête depuis une éternité, et des oiseaux qui ne demandaient qu'à s'envoler. Et suis sur un projet de livre avec une amie pour exprimer ce qui mhabite et ce qui me travaille, a travers lArt et la broderie. Dessiné à baaaaaalle et peint, oui ça me plaît bien, j'aime l'idée d'être une artiste en errance, dans un voyage sans fin. J'ai fait une exposition et vendu des cartes postales de mes dessins. Le tout en soupoudré, parfois je trouve que je n'y suis pas allée en profondeur alors que j'en avais l'opportunité, mais bon cest ainsi... il y avait tellement d'autres choses...

J'ai écrit des centaines de trucs, amusants ou pathétiques, et yen a encore sous le capot au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer, on va dire que c'est le prochain step, dire tout ce qu'on a sur le coeur et sans rancune les gars.

J'ai joué la midinette à moto à New Delhi, Hanoi, Xela, j'ai dansé toute la nuit dans des bars decrepis, ça c'était pour le côté "badass". J'ai dormi toute seule dans des trains de nuit en Inde, j'ai pris des bus chaotiques au Guatemala, ça c'était pour le côté "aventuriere". J'ai pas autant baroudé que j'aurais pensé ou voulu, je me suis plus posée dans des villes où il fait plutôt bon vivre, car ce que j'aime avant de voyager, c'est de "vivre" vraiment à l'étranger, avoir mes petites habitudes et m'imprégner, être chez moi mais ailleurs.

Je n'ai plus peur de prendre le bus toute seule, de rater mon vol, d'être recalée à la frontière, de me tromper de visa. J'ai toujours peur de: ne pas trouver d'hébergement, de me gourer sur toute la ligne, d'être là où il faut pas, de perdre mon temps, d'un jour me dire "mais qu'est-ce que j'ai foutu de cette année où j'étais censée être une exploratrice géniale et intrépide"? Peur de pas avoir de chez moi, peur de me sentir si instable dans le voyage, alors que j'ai tout quitté pour ça... Peur de toujours pas être celle que je crois ou celle que j'aurais aimé être, et surtout peur de alors mais qui suis-je, si je ne suis pas elle. Peur de toute ma vie ressasser les mêmes problèmes sans solution, peur d'avoir un réél problème ou de me le créer moi-même toute seule avec mon esprit tortueux.

Côté inattendu, j'ai plus ou moins compris que les "revers du destin" sont en fait cool, que ça nous pousse à puiser dans nos ressources et à aller toujours plus loin, à rebondir, à ne pas se laisser abattre, à être positif, car c'est à chaque fois une chance d'écrire autre chose, et d'inventer à nouveau. Exemple à Xela dans l'asso, quand j'ai compris qu'en tant que styliste ils n'attendaient pas grand chose de moi, car ils avaient peur d'investir dans quoi que ce soit, au final, on a fait des cartes postales de mes dessins et une expo! Au lac Atitlan, je rêvais de faire broder des marinières sur l'exemple de celle que j'avais réalisée pour moi, mais au final celles que j'ai reçues par colis étaient trop fines pour ce type de broderie. Un peu désespérée, je suis allée chiner des vêtements dans des braderies, et j'ai eu de belles surprises qui m'ont emmenée artistiquement plus loin que là où je m'étais cantonnée, et on va avoir de belles chemises colorées, et le marin de l'histoire va enfin avoir un endroit ou se reposer (je vous expliquerai dans un prochain post). J'ai pas voulu attendre les deux semaines nécessaires au Mexique pour le ranch, mais si ça se trouve je ferai ça en Argentine, ce qui était pas du tout prévu et qui peut s'avérer cool. Bref, des tas d'imprévus qui nous font paniquer mais rendent la vie créative...

S'il faut faire un bilan, puisque c'est dans l'air, alors mon bilan le voici. Il est désastreux autant qu'incroyable, complètement schizophrène, un coup dingue, un coup chaud...

Côté santé, j'ai chopé la dengue en Thailande, une forte toux dun mois qui m'a clouée au lit jusqu'à la fin de la mousson au Guatemala, des infections, des coups de froid horribles dont on se rétablit tout seul mais qui vous fichent un coup. Une fatigue quasi chronique ainsi qu'une énergie de dingue pour sortir et danser, comme si la musique vous transfusait de la vitamine C direct dans le sang. Je me suis rongé les sangs, ai tourné dans ma tête les même choses des milliards de fois, réécrit l'histoire, remâché le passé, l'ai tordu dans tous les sens pour voir si un truc m'avait échappé, l'ai bien essoré à force de le refaire jusqu'à ce que d'épuisement il n'en reste plus une goutte à essuyer. Mes cheveux sont tombés par poignées après la dengue et quelques coups de stress, mais ils repoussent à présents par centaines de mini boucles tout autour du visage... Ca va prendre des années mais c'est comme tout, ya qu'à attendre patiemment et se la couler douce en attendant.

J'ai réussit à arrêter de penser HHHHHHHHHHHHH24, et il y a des fois où je la mets en sourdine, et ça nous fait des vacances à tous les deux (mon cerveau et moi-même). Je ne sais toujours pas où je mets les pieds mais sûr je ne les remettrai pas au même endroit, et j'espère qu'ils s'empêtreront moins dans les fils de ma (tumultueuse?) existence. J'ai compris que j'aime: dessiner, créer, créer pour moi, pas pour les autres (selfish artist?), les pays où il y a une âme, qui s'exprime à travers l'artisanat textile, les pays où ça danse, où les gens ont la musique dans la peau.

J'ai quand même l'impression que je sais un peu mieux ce que je veux, mieux ce que je ne veux pas, j'ai un peu moins de mal à prendre des décisions, je me fais un peu plus confiance, je panique un peu moins quand ça va pas comme je veux, je prends les choses uuun peu moins personnellement, je me mets beauuuuucoup moins la pression sur l'avenir, j'ai compris que du moment que je m'éclate et que je fais ce qui me passe par la tête, les choses viennent à moi naturellement, et du coup plus besoin de m'acharner, c'est quand je lâche prise que ça marche le mieux, comme si le destin était un grand coquin qui attendait seulement que je détourne les yeux deux minutes pour faire son boulot, diable! En fait, moins je veux, plus ca vient... Ne rien vouloir et voir venir...

On dirait quon slalome sans arret entre les pins dune forêt obscure, et parfois au clair de lune, on y voit un peu plus clair. On se rassure en se disant qu'avec le courant,  ya des chances quon arrive quelque part... En gros, j'ai compris que tout ce qu'on se raconte, ou surtout ce que JE me raconte, sur la vie ne veut absolument rien dire, en gros j'ai compris... que je n'ai toujours rien compris!

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