Les artisans du Chiapas: Rosa...

Rosa...

Aujourd'hui je rencontre Rosa, tisseuse au sourire doux et merveilleux dont les yeux sombres et éclatants sont comme des perles noires dans son visage d'ambre. Une Mona Lisa en Huipil couleur grenat, une princesse maya qui tisse les jours dans son royaume d'ébène. Rosa travaille à plein temps dans une famille, s'occupant de l'entretien et des tâches domestiques. En plus, elle tisse longuement dès qu'elle le peut. Au début, elle se mettait une pression monstre pour produire un maximum, jusqu'à ce qu'elle comprenne qu'il ne servait à rien de se rendre malade avec un travail qui célèbre l'harmonie, le soin des choses et l'unité de l'artisan et de son labeur. A présent elle prend les choses différemment pour se reconnecter au plaisir de tisser, à cet acte qui l'emmène loin de tout stress et de toute pensée. Et si elle prend du retard, "bueno, no pasa nada..." (littéralement: "il ne se passe rien", c'est-à-dire: "c'est pas grave"), j'aime cette phrase dont la sagesse et la nonchalance ne sauraient que nous inviter à de pareilles méditations...

Elevée dans un petit village où la vie était très dure, surtout après la séparation avec son mari, ce qui est évidemment très mal vu au sein de sa communauté, Rosa prend la décision de partir pour San Cristobal, ce qui ne se fait pas sans mal. Mais la place d'une femme au village... il faut s'occuper de tout, tout le temps, on n'a pas une seule minute à soi. Les hommes eux, vont travailler au champ, mais une fois de retour à la maison ils ont du temps libre pour se regrouper entre eux et jouer à la "pelota". Dés leur plus jeune âge, les filles doivent apprendre deux choses: le tissage et les tortillas! Afin de vêtir et nourrir la famille. Une femme qui ne sait pas ça ne sait rien.  Malgré la difficulté de la vie à la ville, elle est beaucoup plus enviable pour toutes ces raisons. Rosa vend ses créations pour très peu aux revendeurs au marché, ce travail merveilleux bradé pour une poignée de pesos...