dimanche 12 janvier 2020

Mexique: Chapitre 2: La vie d'artiste.









J'arrive dans une maison ancienne magnifique avec des plafonds immenses et des sols merveilleusement carrelés de céramiques aux couleurs extraordinaires que je n'ai jamais vues ailleurs qu'à San Cristobal. Un repère d'Argentins fauchés qui gagnent leur vie en chantant dans la rue, en fabricant des carnets et des bijoux. Le soir, de grandes tablées où l'on s'enflamme sur la politique Argentine, et des improvisations à n'en plus finir au son du sicu (flûte Andine), du cajon et de la guitare. Le jour, je travaille à ma broderie entourée de de Maia qui jongle, Facu qui confectionne ses carnets, Paula qui fredonne, attelée à sa guitare. C'est un plaisir d'être enfin entourée, de travailler en solo mais en communauté, pas besoin d'aller se perdre dans un un énième café, je peux juste rester "à la maison".

Je participe à une peinture murale, envie de peindre un jaguar alors go!


Cheche, peintre talentueux qui me laisse gracieusement le centre pour m'exprimer.

Dans le dortoir, on est 4, j'ai l'impression de dormir avec mes frères et soeurs, 4 adultes de plus de 30 ans réunis dans une grande chambre qui fait de nous une fratrie en régression. Tous travaillent à un spectacle qui célèbre l'Art et la Nature, j'ai enfin l'impression de rencontrer des gens qui s'occupent des vraies choses, même s'ils sont quand même pas mal perchés il faut bien le dire. Après le bed and breakfast aseptisé, j'apprécie presque de passer ma vie dans les volutes de fumée, les assiettes ébréchées et les cendriers sur la table au petit déjeuner.



Malgré cette hygiène de vie un peu douteuse, je sens que je pourrais rester là toute ma vie, et je repense au "dessin de la vie idéale" que j'avais fait il y a 4 ans (un exercice de projection), et me souviens que je m'étais dessinée dans une grande maison partagée où j'aurais mon atelier... Je me rends compte que mon envie bourgeoise d'être propriétaire d'un petit chez moi bien propret n'est peut-être pas la seule option pour être bien (parce que bon à ce rythme, il va sérieusement falloir considérer d'autres options haha)... Et que si je suis amenée à travailler seule sur des projets créa par la suite, je serai peut-être bien contente de vivre en communauté pour ne pas non plus me transformer en ermite. Et puis j'ai l'impression d'être dans l'auberge Espagnole, de vivre en silence dans une joyeuse cacophonie (j'ai encore du mal à comprendre l'accent Argentin et donc à m'exprimer).

Le lendemain, je tombe sur une boutique de vêtements d'artisanat super trendy juste en face, ils donnent des cours de broderie traditionnelles du Chiapas, bingo!!

Broderie typique du village d'Aguacatenango, Chiapas.

Le surlendemain, je trouve un atelier de couture dans un centre culturel, où je décide de réaliser un corset à partir d'un huipil acheté au Guatemala, une idée qui m'est chère, car exprimant la fusion des mondes telle que je l'imagine, l'influence Française avec un gros clin d'oeil à la cour de Louis XVI et celle des textiles Mayas, pour créer la silhouette d'une princesse hybride à l'orée des mondes.





Puis, comme j'ai bien commencé à enfin tout lâcher, "saltar" en Espagnol, comme me l'a enseigné Samuel, je ne me suis occupée de rien et je me rends soudain compte qu'il faut que je parte car tous les lits ont été réservés en ligne, en effet on est en période de fête, alors je dois faire mon petit baluchon et migrer dans une autre auberge, en me  promettant de bouger enfin de cette ville où je m'enlise je ne sais pourquoi pour le nouvel an.

Avant de partir, j'ai droit à un "temazcal", un rituel indigène dont le principe est de suer pendant 2 heures dans une tente sauna épouvantablement chaude, où un chaman récite des prières au son d'un petit tambour, et où chacun est libre de s'exprimer, soit pour une prière soit pour une incantation, ce qui fait de ce moment une expérience assez intense car les gens confient des choses personnelles passablement émouvantes et tristes... Entassés tous ensemble dans l'espace restreint, on s'abandonne petit à petit à la détente sous l'effet de la chaleur, quand on ne panique pas complètement à cause de l'atmosphère suffocante... C'est presqu'au point de s'évanouir, mais finalement je ressors indemne et comme essorée, et même mon gros noeud au ventre est parti...


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